Pourquoi le problème des coupes illégales est-il si grave ? Quel rôle peut jouer la traçabilité des produits en bois ?
Voilà une question très judicieuse. Afin d’y répondre en quelques mots, les coupes illégales et la déforestation nuisent à l’intégrité et au bien-être des écosystèmes et de notre société à différents niveaux. Elles détruisent tout d’abord la biodiversité, dans la mesure où les écosystèmes forestiers abritent plus de 50 % des espèces vivantes connues.
En outre, l’exploitation illégale des forêts s’accompagne de violations des droits de l’homme et contraint des populations à abandonner leur lieu de vie et la terre de leur culture. Elle entraîne par ailleurs une grave dégradation et érosion des sols qui augmente les risques de catastrophes naturelles.
Ces pratiques illicites peuvent aussi et surtout conduire à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, ce qui amplifie le dérèglement climatique et rend notre environnement plus dangereux et plus hostile. Il est donc crucial que la société puisse avoir l’assurance que les produits à base de bois qu’elle achète ne sont pas associés à la destruction des forêts dans le monde entier, mais proviennent bien de forêts gérées durablement.
Pourquoi l’ISO a-t-elle créé un comité sur la chaîne de contrôle des produits en bois et à base de bois ?
Trois raisons essentielles ont motivé la création de l’ISO/PC 287. Il s’agissait d’abord d’établir une norme à même d’unifier les normes en vigueur en matière de traçabilité des produits forestiers en bois et de donner des informations homogènes sur l’origine du bois. Il était également nécessaire de réduire le coût actuel d’une double, voire une triple certification. Enfin, une plus grande proportion de produits forestiers devait impérativement pouvoir être traçable jusqu’à la source, pour veiller à ce qu’aucun bois d’origine illicite ou douteuse n’entre dans la chaîne d’approvisionnement de l’industrie forestière.
Qu’attendez-vous de la future norme ISO ? Quels en seront les apports ?
Le principal apport évident de cette norme est qu’elle permettra aux entreprises de garantir à leurs clients – et, indirectement, à la société dans son ensemble – que le bois qu’ils utilisent ne provient PAS de forêts qui sont illégalement exploitées, dégradées ou déboisées.
Notre objectif ultime est d’élaborer une norme harmonisée que toutes les entreprises forestières pourront adopter pour assurer la fiabilité et la régularité de la traçabilité des produits en bois, de la forêt au détaillant, dans le monde entier.
Il existe déjà plusieurs normes relatives à la chaîne d’approvisionnement des produits en bois et à base de bois. En quoi la norme ISO se distinguera-t-elle ?
Les normes de traçabilité actuelles sont paradoxalement semblables tout en étant différentes. Et c’est précisément là que réside le problème. Les systèmes actuels de chaîne de contrôle (COC) ne concernent que 25 % environ des forêts productives dans le monde, avec des régions comme l’Asie et l’Afrique, et l’industrie forestière tropicale, qui ne sont pas couvertes.
Cette norme mettra en balance les besoins de traçabilité et l’exigence que toutes les entreprises, quelle que soit leur taille ou la région dans laquelle elles opèrent, doivent pouvoir être à même de garantir que les produits forestiers qu’elles commercialisent proviennent de sources durables. Mais aussi et surtout, l’établissement d’une norme unique permettra aux producteurs de gérer leurs systèmes de traçabilité de manière efficace et transparente et de donner aux consommateurs des informations fiables et dignes de confiance sur l’intégrité environnementale et sociétale des produits en bois proposés.